À paraître dans la revue ‘The Eyes’ (automne 2024)
Exposition au Centre Photographique Marseille, organisée par le Réseau Diagonal.
Appartenant à une tableau familial explorant la figure fondatrice de la mère, dans l’espace domestique, ce travail parle d’un double deuil : celui d’un enfant et d’une mère qui se fait seule loin des siens et disparaît dans le silence pour devenir une présence-absence à mes côtés. Pour donner corps au vide, je m’approche de silhouettes à ma portée, celles de l’album photo que je continue d’épuiser sur le mode opératoire de la série ‘My Mother is a Stranger (And I love her)’, 2017-2020. Ses portraits commeles portes d’une vérité inaccessible, je retrace les étapes de sa vie, je recolle les morceaux, son récit à l’esprit. J’extrais son visage des images que je conserve sous le format de photos d’identité et que je décline sous des supports souples et translucides, dans l’espoir de toucher du doigt une vérité qui appartient au révolu. En quête de ses différents visages au fil des déplacements et des évènements, je retrace sa chronologie, à tâtons.
Une mise à distance qui me permet de représenter une figure fondatrice alors que j’ai grandi sans repère autre qu’elle du fait de l’exil et du départ de ma mère d’Algérie. Comment grandit-on sans témoin ? Comment devient-on mère loin des siens ? L’image peut-elle être une unité de mesure des chemins et épreuves traversés ? Je représente comme on répare, je multiple nos potentiels d’incarnation. Car, logique imparable du nombre, plus je fais exister nos visages, plus nous existons.